pour démarrer

Vous voilà donc sur un blog dédié à la contraception testiculaire thermique*.

Parce que, oui, ça existe !
Et qu’on pense que ce serait bien que plus de gens soient au courant de comment ça marche pour pouvoir avoir plus de choix. Et aussi que les mecs hétéros réalisent qu’ils ont une responsabilité dans le fait d’avoir des relations sexuelles qui peuvent déboucher sur une grossesse.
Donc, si eux et/ou leurs compagnes ne veulent pas d’enfant (jamais ou pas maintenant), ils peuvent aussi se prendre en main sur la question et ne pas toujours se reposer sur leur(s) partenaire(s) en leur déléguant les aspects relous tant psychologiquement que financièrement ou encore les éventuels effets secondaires.

En naviguant sur le blog et en parcourant le pdf du livre, vous serez probablement étonné.e.s de découvrir qu’il suffit de trois élastiques et un anneau pour mettre en place cette contraception.

Cependant, si l’efficacité de la méthode thermique a été prouvée, si le dispositif est relativement facile à mettre en place par toute personne un peu motivée, si le sentiment d’atteindre plus d’autonomie et de gérer sa propre (non-) fertilité peut être enthousiasmant et procurer de la joie, il ne faut pas négliger le sérieux de la démarche. On parle ici de contraception et donc de risque de grossesse en cas d’échec ou de mauvais suivi du protocole !
On ne se lance pas dans l’appropriation de sa contraception comme certain.e.s essayent de se réapproprier des savoirs, comme ça « juste pour essayer » ou parce que c’est « cool ». On voit bien qu’un pain qui n’aura pas levé ou qui aura trop cuit n’aura pas les mêmes conséquences qu’une contraception bancale. D’autant plus quand les personnes qui devront faire face le plus immédiatement et le plus physiquement aux conséquences d’un manque de rigueur ne sont pas celles qui se contraceptent.

L’arrivée de la contraception testiculaire dans les années 70-80 n’a d’ailleurs pas toujours été accueillie comme la « bonne idée » qu’elle espérait être **. Elle a notamment été l’objet de débats au sein du mouvement féministe (mouvement dont nous partageons a minima la critique du patriarcat et la nécessité de s’en débarrasser). Certaines y voyaient le risque d’une prise de contrôle par les hommes du champ de la contraception qui venait tout juste de permettre aux femmes de décider si et quand elles désiraient mettre un.e enfant au monde. La question de la confiance a aussi été soulevée à travers la critique déduisant qu’il allait falloir déléguer ce terrain aux hommes, là où atteindre plus d’autonomie est déjà un combat quotidien. En effet, si la domination masculine n’est pas propre à la contraception, rien ne peut laisser penser qu’elle ne se jouerait pas aussi en elle.

Si nous rejoignons plutôt les voix, elles aussi présentes au sein du féminisme, qui encouragent la « responsabilisation de chacun.e dans le partage des risques et des plaisirs », nous ne souhaitons ni éclipser ni clore les débats. Mais bien garder ces précieuses et nécessaires critiques à l’esprit, comme autant de balises nous accompagnant sur notre parcours vers l’émancipation. Nous espérons ne pas nous tromper en faisant le pari qu’agir est possible, tout en gardant en point de mire que les potentiels effets pervers liés à la contraception testiculaire ne pourront être neutralisés que si tous les individus évoluent « d’égal à égal, et non plus maintenu.e.s dans une masculinité et une féminité construites » et que nous nous débarrassons de ce monde qui nous transforme en marchandise.

 

Leslie Bahr,
janvier 2022.

 

 

*Nous préférons l’appellation « contraception testiculaire » à « contraception masculine » parce qu’il nous paraît clair qu’il y a des femmes trans à couilles et probablement un tas d’autres réalités vécues par des personnes qui pourraient avoir envie ou besoin de se contracepter via cette méthode. Par la suite, nous utiliserons de manière indifférenciée « méthode thermique », « remonte-couilles toulousain » (RCT), slip, dispositif…

** Pour les paragraphes qui suivent nous nous inspirons librement du très bon travail de Laurence Stevelinck « Contraception : où sont les hommes ? Essai sur une responsabilité partagée – L’exemple de Thomas Bouloù ». Nous ne saurions que recommander sa lecture pour avoir une première approche sur les questions qui y sont soulevées ainsi que de se référer à sa bibliographie pour approfondir le sujet en finesse.