Tomm Kellig

3 ans de port.
33 ans lors de la contraception.

 

Salut, moi c’est Tomm Kellig. J’suis breton et j’ai les boules au chaud aussi. J’ai 35 ans, je suis un homme cis-genre hétérosexuel. Je suis professeur des écoles, j’ai aussi travaillé comme dessinateur industriel, mais ça c’était avant. Je traîne pas mal dans les milieux associatifs socio-culturels.

La première fois que j’ai entendu parler du slip remonte-couilles date de 2015. Des amies, qui sont aussi bénévoles au Planning familial, avaient programmé le film Vade retro spermato à un festival de films alternatifs. Je n’ai jamais vu le film, car ça ne m’intéressait pas à l’époque. Mais, sans que je le sache, une graine était semée…

J’ai tout d’abord rigolé, car, oui, bon, n’étant plus en couple, je n’en voyais pas l’utilité. Et je n’avais pas non plus envie qu’on touche à mes couilles pardi ! Oui, je crois que j’avais peur, peur de la douleur, peur du fait que ma virilité soit remise en cause, bref plein de peurs mentales…

Trois ans plus tard, je suis arrivé à Kemper où le collectif Thomas Bouloù se réunit chaque premier samedi du mois pour informer et fabriquer des slips contraceptifs. J’étais en couple avec une femme plutôt sensible au fait d’essayer d’éviter la contraception hormonale et aussi de partager la charge mentale de la contraception. Car – eh oui –, si ma copine tombait enceinte, j’en étais a priori la cause si l’on ne prenait pas la précaution de mettre de préservatifs. Et mes idées ayant un peu fait leur chemin depuis 2015, j’ai trouvé ça plutôt cool et responsable de me poser la question de la contraception en tant que porteur de testicules et de pénis.

J’ai donc pointé mon nez un samedi de permanence pour rencontrer ce collectif. On a parlé historique de la contraception, des différentes façons de se contracepter, de pourquoi j’étais là, etc. Pour ma part, c’était par refus de faire porter la responsabilité de la contraception à ma copine seule et donc pour prendre ma part dans ce domaine. Puis aussi par refus du tout hormonal qui – j’en suis persuadé – modifie étrangement les humeurs et la libido. Donc pourquoi ne pas s’en passer si un simple anneau me permet de le faire ? ! De plus, j’ai aussi trouvé génial de pouvoir apprendre les rudiments de la couture pour me faire un slip remonte-couilles !

J’ai essayé un slip tout seul après des explications bien claires et – oups ! – ça fait tout bizarre ! « Est-ce que les testicules sont bien rentrés maintenant ? », « Ah bah oui, y a une bosse là, à droite, et une autre à gauche ! », « Eh mais c’est plutôt pratique ça pour aller courir ou faire du vélo dis donc ! ».

J’ai testé plusieurs modèles avant d’en trouver un qui me correspondait plutôt bien niveau morphologie. Puis, me voilà lancé dans les essais chez moi. Pendant deux minutes, puis quinze, puis une heure, deux heures… Et finalement une demi-journée, une journée et voilà ! J’ai eu quelques douleurs au début sur le haut du pénis au niveau de l’anneau. On m’a  parlé de liniment (eau de chaux + huile) pour éviter les irritations, mais c’est passé comme c’est venu, donc pas eu besoin.

J’ai écouté bien sagement la façon de faire : d’abord un premier spermogramme pour vérifier que mon sperme est fertile (c’était le cas) et ensuite, trois mois plus tard, un autre permettant d’aller vérifier l’efficacité du port du slip remonte-couilles. J’en ai parlé à mon médecin traitant qui ne connaissait pas, mais m’a tout de même prescrit un spermogramme. Je suis tombé de suite à 1,3 million de spermatozoïdes par millilitre de sperme, ce qui est considéré comme stérile, sachant que ceux qui restaient étaient incapables de bouger et donc pas très bons pour aller migrer jusqu’à un ovule ! Bref, ça fonctionnait après trois mois de port du slip assidu et respectueux de douze heures minimum.

Au milieu de ces trois mois, j’ai opté pour un andro-switch, car je trouvais le lavage plus aisé, et aussi l’anneau plus large me paraissait répartir la pression sur le pénis sur une plus grande surface, donc moins de douleurs potentielles comme à mes débuts.

La réversibilité

Eh oui, si j’ai choisi ce mode de contraception, c’est aussi car je veux pouvoir choisir d’avoir un enfant un jour, sans quoi j’aurais pu opter pour la vasectomie.
J’ai rencontré un autre porteur d’andro-switch qui m’a expliqué en être arrivé là suite à une grossesse non désirée de sa conjointe. Il avait un peu peur de la non-réversibilité. Question que j’avais un peu balayée de ma tête.  D’après ce que j’avais lu et entendu, théoriquement ça l’était. Mais quoi de mieux que d’essayer pour vérifier ? D’autant plus qu’à ce moment je n’étais plus en couple.

J’ai alors calculé :
jour j : arrêt du port de l’anneau.
jour j + 3 mois : spermogramme afin de vérifier que je suis à nouveau fertile.
jour j + 3 mois + attente résultats : je remets mon anneau
jour j + 6 mois : spermogramme pour vérifier que je suis retombé sous le million de spermatozoïdes par millilitre de sperme.

Et me voilà lancé dans une nouvelle aventure tout seul avec ma spermatogenèse !

Alors, la plus grande surprise a été le fait de – à nouveau – sentir mes testicules ballotter ! J’ai commencé fin juillet, alors que je me baladais avec une copine en Auvergne, et je me rappelle lui avoir dit à plusieurs reprises : « Ah ah, c’est trop marrant, je sens mes couilles qui ballottent à nouveau ! » En été en plus :). Bref, c’était un retour à quelque chose que je connaissais niveau sensations, mais que j’avais presque oublié. Cela faisait dix-huit mois que je portais un anneau contraceptif.

Voilà arrivé le jour du spermogramme à l’hôpital local. Soit dit en passant, c’est très bizarre de se masturber dans un tube à essai… J’attendais les résultats avec une p’tite boule au ventre – façon de parler, hein. Parce que mes testicules, eux, sont bien dehors, tu as suivi ? Et puis, bah, tout va bien à nouveau, à peu de chose près comme il y a dix-huit mois ! Youpi !

Et donc me voilà à porter l’anneau à nouveau, car entre-temps j’ai eu des aventures qui n’ont pas duré avec des femmes. Mais justement, même si j’utilise des préservatifs pour l’aspect MST/IST, en cas de rupture de capote, eh bien au moins ça limite les risques de grossesse !

Depuis, mes testicules sont à nouveau bien au chaud, comme le dit mon pseudo en breton : « petite couille chaude ».
C’est mignon, tu trouves pas ?